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Rêve et deuil

Dernière mise à jour : 9 mars 2019



Le vent annonciateur d'un deuil.

Introduction et contexte:

Tout commence par ce rêve début d'année. Voilà 10 ans qu'en soufflant mes bougies d'anniversaire et qu'au passage vers la nouvelle année, je fais le voeux d'une famille.

On ne s'en invente pas une.

La semaine passée début 2018 à l'hôpital pour mon accouchement fût d'un constat horrible: je n'ai pas de famille et les amis sur lesquels je comptais ne sont plus là. La naissance m'a permis de trier sans rancunes. Que de pleurs et de souffrances, je ressentis ces jours-là. Le package de la solitude et de l'accouchement qui finit en césarienne en urgence. Toute cette nuit, je sentais et ressentais la souffrance de mon bébé qui ne pouvait trouver le chemin pour s'incarner. Toute la nuit, je priais Boddhichitha. Elle m'a apportée réponse, conscience, j'ai vécu la césarienne en toute conscience des actes. J'ai vu derrière le rideau tout ce qui se passait. Je suis sortie de mon corps pour voir, je suis restée dans ce corps pour ressentir l'absence, le répit, que mon âme n'est pas corps, que mon esprit n'est pas corps. Mon corps est le porteur, le véhicule de ma réincarnation.

Le rêve.

Début 2019, je rêve que je suis sous la véranda de la maison de ma grand-mère. Je suis assise là sur une chaise en plastique, j'ai pris congé. Près de moi une assistante de la vie, nous discutons paisiblement.

C'est un jour de fin d'été ou d'automne ensoleillé, le ciel est bleu, il fait bon. Le calme est omniprésent, au village aussi. J'attends. C'est un jour spécial. Un sentiment de déjà vu, un sentiment de n'être pas seule. Mon grand père décédé depuis 30 ans est présent debout près de moi. Je sens sa présence chaleureuse, il est là près de moi, sa main de temps à autre posée sur mon épaule, réchauffante, douce, bienveillante. La maison l'est aussi. On sent cet esprit de famille qui n'avait jamais existé jusqu'à cette nouvelle année 2019.

La porte en verre s'ouvre soudainement par l'arrivée d'une bourrasque. Un vent annonciateur d'un décès ou une très mauvaise nouvelle dans la famille.

Je m'éveille en suffoquant comme si je venais de boire la tasse, comme si je revenais d'un coma. Le choc. Un sentiment d'urgence.

Nous sommes désormais le 3 ou 4 janvier 2019. Voilà maintenant presque 5 ans que je n'ai pas vu mon frère, presque 12 ans que je n'ai pas vu mon 1/2 frère. Quand du haut de tes 20 ans, ton souhait est de créer ce lien familial inexistant mais que les personnes ne sont pas prêtes. Le destin s'arrête là. Tu te dis que tu as fait ce que tu pouvais avec le peu d'élément, et toute la gniaque de ta jeunesse. Tu laisses faire le temps, car seul lui peut intervenir au fil des jours, des mois, des années qui passent pour apporter son lot de vertus. Ton voeux se balade dans les airs, et t'espères que l'Univers l'entendra et sera porter ce message. S'il vous plait, j'aimerai une famille.

Je me prépares au pire, car ce rêve porte sa signification que seul la vie voudra m'apporter: sa vérité.

Je laisses le temps passer et je me rends compte qu'un numéro privé m'a appellé la veille de 2 fêtes importantes. Ma grand mère m'annonce que mon frère est revenu et a dormi chez elle, il est gravement malade, qu'il a dit rentrer dans 1h et qu'à la fin de la journée, toujours personne.

Je fais le lien appel privé et celui de mon frère. Je le retrouve le soir même en suivant ma voix, tout est clair et limpide, fluide, la situation est critique. Les pompiers interviennent. Ce soir là, j'ai écouté mon frère me dévoiler sa vie, ses souffrances, ses souvenirs, me raconter sa maladie, ces crises ou pics de souffrance en conscience, le regard de l'autre qui juge, qui critique, qui analyse sans rien comprendre. _Comment avez vous fait pour retrouver votre frère? J'ai écouté la voix, ma voix. _Comment ça? Vous avez des contacts avec la police? _Non. _J'aurais pensé que vous aviez pisté le téléphone. Comment avez vous fait? _J'ai écouté ma voix, ou si vous préférez j'entends une voix, ou pour faire simple je suis médium clairentente-claivoyante.

Pourquoi faut-il une maladie pour rapprocher la famille? L'absence de mon frère, l'absence du 1/2 frère toute ma jeunesse, les secrets et non dits de tes parents. Pourquoi faire subir cela? Etait-ce conscient ou inconscient?

Est-ce-que nous naissons avec les casseroles de nos parents, grand-parents?

Pourquoi rester seul face à sa maladie pendant 10 ans et arriver au stade critique de sa maladie pour oser parler, oser revenir, oser dire les mots qui pansent ? Je n'ai jamais aimé les non dits, les jugements, les a prioris, les méchancetés, les secrets. Et pourtant, il a cru cela de moi.

Une facette de mon métier est d'accompagner les personnes dans le deuil, aujourd'hui je m'accompagne dans le deuil, et j'accompagne mon frère vers son deuil, et ma grand-mère vers le sien.

L'autre jour, un client me demande comment est-ce possible d'accompagner son frère vers son propre deuil?

Cela se prépare avant d'accompagner son proche on commence par s'accompagner soi-même vers le deuil: la méditation, la lecture de prières boudhiques, puis pour garder les pieds sur terre et se sentir écouter il est nécessaire d'en parler autour de soi et surtout à une personne neutre en dehors du tissu familial. Faire une activité artistique et une activité physique, s'oxygéner est plus que capital.

Je le fais naturellement, sans me poser de questions. C'est une évidence, quelle belle rencontre que d'écouter son frère, les paroles et les pensées avant de partir. Elles sont pleines de véracités, des vérités d'amour, de souffrances physiques et morales, la conscience des tissus, des liens, des actes, des paroles est tout ouïe.

A travers la souffrance nait le Vrai, pas de masque, pas de voile, pas de temps à perdre. La conscience s'élève et aspire au bon.

La mort est là. Simple, acculée. C'est une mort physique, une absence physique mais en rien une mort de l'âme, en rien une mort de l'esprit. Un frère, un parent, un enfant quel qu'il soit c'est une partie de vos cellules, de votre sang, de votre mémoire qui sera toujours présente en vous. Mon grand frère va mourir, mais son âme réside en mes cellules, dans ma mémoire, dans mon psychisme, dans mes souvenirs. Le jour où j'ai besoin de son soutien, pas besoin de l'appeler, sa main est là dans la vôtre ou sur votre épaule.

5 ans de perdu, le temps est perdu, des souvenirs a rattrapé, des partages à créer, des diners à préparer, des fêtes à danser.

La maladie qui rapproche ce trios de frangins !

La dernière volonté de mon frère: rassemblez vous à la plage, aimez vous, prenez vous dans vos bras, et laissez-moi partir avec un lancer de lanterne chinoise. (Sur l'humour, je lui réponds pas très écologique ta demande).

Et dire que je l'ai rouspété de "gros con", "je ne reconnais pas mon frère, ce n'est pas possible ce n'est pas lui", j'avais raison je ne reconnaissais pas mon frère, j'avais raison il était dans le déni. Ce n'était pas mon frère. Le vrai, il est là maintenant: il accepte sa fragilité que tout homme a et en fait une force.

Qui n'a jamais été ému(e) de voir un proche souffrant verser une larme?

Mes rêves ne me trompent pas, un vent nouveau souffle désormais sur la famille, un vent nouveau pour nos progénitures va les amener loin, à s'aimer, à recréer ce lien de sang nécessaire pour continuer la vie ensemble, dépasser la perte, dépasser les erreurs de nos ancêtres.

Nos enfants vont se rencontrer. C'est étonnant comment eux ne mettent aucunes limites, comment eux dépassent leurs peurs de l'inconnu et de l'autre. La première rencontre: Mon fils s'est dirigé de suite vers sa cousine comme s'il l'avait vu la veille.

Nos cellules, nos mémoires se reconnaissent et s'aiment de façon illimitée, de façon Universelle. J'ai été bluffée, je suis restée stupéfaite. En tant qu'adulte, je me suis retrouvée dans l'impasse de quoi dire, quoi faire avec cette petite fille devenue grande. Mon fils m'a montré le chemin: Être Simple, Être Soi.

Soyez Vous était l'objet de mes voeux pour cette nouvelle année. Tout est tracé ou presque...


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